Un député à Kervoyal!
Avant tout, sachez que l’homme que nous interviewons aujourd’hui l’est car il est le représentant des Kervoyalais, Damganais et Morbihanais à l’Assemblée Nationale. C’est notre élu en charge et c’est en tant que tel que nous l’interviewons.
Il nous a semblé intéressant de savoir comment un irréductible village comme le notre trouve une place, même indirecte, dans les débats de nos hautes instances! Nous voulions savoir ce que faisait notre élu à Lutèce! Et quels impacts sur notre vie quotidienne se jouaient labas, si loin de nous! C’est donc, avant les fêtes, une bonne façon de faire le point sur les grands projets départementaux qui se mettent en place autour de Kervoyal.
Nous tenons donc particulièrement à remercier Monsieur Pellois d’avoir su être disponible pour nous répondre et pour la considération et la gentillesse qu’il a accordé à un modeste média tel que le notre.
Notre entretien:
Monsieur Pellois, vous êtes Député de la première circonscription du Morbihan, et donc de Kervoyal. Notre petit village rencontre les mêmes problématiques spécifiques que de nombreuses villes de bord de mer morbihannaises qui semblent parfois bien loin des préoccupations « parisiennes ». Nous aimerions en savoir un peu plus sur votre rôle, vos champs d’actions et connaître votre avis les évolutions de notre territoire.
Tout d’abord, merci de nous accorder cet entretien. Vous êtes parmi les élus les plus assidus de l’Assemblée Nationale mais vous trouvez le temps de revenir régulièrement dans le Morbihan. En quoi est-ce si important pour vous de garder cet enracinement?
Réponse: Je suis très attaché au pays de Vannes où j’ai effectué toute ma carrière professionnelle. J’y ai ma famille, mes amis. Je me suis investi dans le conseil municipal de Saint-Avé dès 1983, et depuis, mon engagement pour ce territoire que j’apprécie n’a jamais cessé : Maire de Saint-Avé de 1989 à 2014, Conseiller régional de 1999 à 2001, Conseiller général de 2001 à 2012.
En tant que Député du Morbihan, quel est, à l’Assemblé Nationale, votre champ d’action pour le département? Que faites-vous concrètement là-bas?
Réponse: A l’Assemblé nationale, je suis Secrétaire de la commission des affaires économiques, l’une des huit commissions de l’assemblée dans lesquelles les projets et propositions de lois sont travaillées. La commission des affaires économiques traite de sujets très variés : l’agriculture, la pêche, l’énergie, les industries, la recherche appliquée, l’innovation, la consommation, le commerce intérieur et extérieur, les postes et les communications électroniques, le tourisme, l’urbanisme et le logement.
Je suis également membre de plusieurs groupes d’études et de groupes de travail, créés en fonction des dossiers étudiés au Parlement.
Quelles sont la ou les actions dont vous êtes le plus fier?
Réponse: Je me suis fortement impliqué sur la proposition de loi de lutte contre le gaspillage alimentaire, dont j’étais le responsable. Cette loi a permis une avancée considérable. Il est désormais interdit pour les grandes surfaces de jeter de la nourriture encore consommable.
En cas de retour de produits abîmés ou mal calibrés au producteur, ce dernier ne pouvait pas en faire don. C’est désormais possible.
Ce texte a également permis de renforcer l’éducation à l’alimentation et la responsabilité sociétale des entreprises. Le gaspillage alimentaire est un fléau en France. Il représente 20kg de déchets par an et par personne dont 7kg de déchets alimentaires non consommés encore emballés.
Je travaille également beaucoup sur l’ancrage territorial de l’alimentation. L’objectif est d’imposer à la restauration collective de servir des repas comprenant 40% de produits locaux, labellisés, de saison ou issus de circuits courts. La moitié d’entre eux, soit 20%, proviendront de l’agriculture biologique en fort développement aujourd’hui. Il s’agit là d’une marque de soutien à l’agriculture paysanne afin de favoriser le maintien d’emplois locaux et de permettre aux producteurs d’avoir des marges plus importantes. Cette loi sera opérationnelle en 2020. De nombreuses collectivités l’ont anticipée. Sa mise en place opérationnelle nécessite cependant du temps.
Kervoyal, comme d’autres villages, doit faire face à la hausse des prix de l’immobilier du fait de sa situation géographique, ce qui engendre deux conséquences singulières. D’une part les « enfants du pays » n’ont plus les moyens d’investir et doivent quitter les lieux alors que parallèlement, avec 80% de résidences secondaires, l’essentiel du temps la côte est vide. Quel est votre avis?
Réponse: En matière d’urbanisme, il est important que les municipalité prennent leur responsabilité et fassent des opérations d’ensemble pour permettre aux « enfants du pays » et à tous ceux qui y travaillent de pouvoir s’y loger à des prix abordables. Sans la mise en place de programmes immobiliers en faveur notamment des primo accédant, beaucoup de communes voient le nombre de résidences secondaires augmenter, ce qui met à mal la vie de la commune à l’année. Les outils de maitrise du foncier existent, il faut mes mettre en œuvre.
On arrive même à des situations extrêmes comme sur l’Île d’Arz ou un jeune maraicher a dû cette année cesser son activité et perdre l’intégralité de ses investissements car un bout de son hangar gênait la vue d’une résidente secondaire. Ceci privant les iliens de légumes frais à l’année. Voir détails ici.
Selon vous, le tourisme devient-il un asservissement ou une opportunité? Entre une population qui ne peut plus vivre selon ses besoins et ses aspirations et les velléités économiques de quelques acteurs pourvoyeurs d’emplois, quelle marge reste-t-il pour le développement du tourisme dans notre département?
Réponse: L’exemple de l’Ile d’Arz est révoltant. Que ce maraîcher soit obligé d’abandonner son activité sur des terres aujourd’hui à l’abandon est totalement injuste et aberrant. Les activités liées à la terre (agriculture) et à la mer (ostréiculture) devraient pouvoir être maintenues sur tous nos territoires ruraux ou maritimes où elles s’exerçaient dans le passé avec les règles sanitaires d’aujourd’hui bien évidemment.
Une autre caractéristique de la vie quotidienne des habitants de bord de mer est le sentiment d’abandon de certains services comme le désert médical (plusieurs mois d’attente pour de nombreuses spécialités: ophtalmologie, dentistes, etc…) ou la mauvaise couverture internet, qui sont des problèmes concrets du quotidien. N’y aurait-il pas des incitations ou investissements à réaliser pour cette économie de services? Que peut faire le législateur?
Réponse: La loi NOTRE, promulguée en août 2015, a créé les maisons de services au public. Elles ont pour objet d’améliorer l’accessibilité et la qualité des services, en milieu rural et urbain, pour tous les publics. Elles peuvent rassembler des services publics relevant de l’Etat, des collectivités territoriales ou de leurs groupements, d’organismes nationaux ou locaux chargés d’une mission de service public, mais aussi les services privés qui n’en sont pas moins nécessaires à la satisfaction des besoins de la population. L’offre de services peut être organisée de manière itinérante ou selon des modes d’accès dématérialisés.
Pour l’accès aux soins, nous avons mis en place le Pacte territoire-santé en 2012, pour garantir l’accès aux soins de tous les Français sur l’ensemble du territoire national.
Pour contrer la désertification médicale dans certaines régions, notamment rurales, nous agissons sur la formation des médecins, mettons en place des mesures d’incitation pour leur installation dans les zones déficitaires et développons les infrastructures de soin.
S’agissant de la couverture internet, notre majorité a décidé le déploiement du très haut débit (THD) sur l’ensemble du territoire français d’ici à 2022. Fin 2016, d’ores et déjà 50 % de la population en bénéficiera, avec un an d’avance sur le calendrier prévu. Outre l’enjeu économique et social de la nouvelle économie numérique, le THD va aussi désenclaver les territoires éloignés des grandes villes en leur donnant la possibilité de participer de plain-pied aux nouvelles formes de citoyenneté.
La France, si souvent critiquée, est en avance par rapport à la majorité des pays européens sur le développement de la fibre partout sur son territoire. Combien d’années a-t-il fallu pour développer le réseau électrique ou en eau potable en France ? 30 à 40 ans. Pour la fibre optique, ce délai est réduit à moins de 10 ans.
A l’inverse, un sentiment « d’invasion » est ressenti lors des grandes marées. Outre le parking sauvage, parfois à même les dunes, il est nettement perceptible que les ressources diminuent et que l’estran est régulièrement vandalisé en toute impunité: petites tailles, surpêche, arrachage d’algues et pire encore: tri de la pêche sur la route ou sont jetés les petits coquillages (les naissains) alors qu’ils pourraient être remis à l’eau. Le préfet de Bretagne a publié il ya deux ans un arrêté pour mieux encadrer ce phénomène, faisant la part entre la pêche de subsistance et de loisir, mais les municipalités concernées ont globalement réclamées et obtenues son abrogation.
Maintenant que le PNR, dont nous sommes si fier, est effectif, n’y a-t-il pas une contradiction qui va à l’encontre de la logique de préservation préconisée par l’adhésion à sa charte, d’autant même que la qualité des eaux semble se détériorer?
Réponse: Il semble important aujourd’hui d’accentuer la communication envers les pêcheurs à pied pour qu’ils soient mieux informés sur le cadre légal de cette activité. Il faut également les sensibiliser davantage à la préservation du milieu naturel. Il est nécessaire d’être très vigilant quant au maintien de la ressource, les pêcheurs le savent bien. Le Parc Naturel Régional a tout son rôle à jouer au côté des services de l’Etat pour mesurer les conséquences de ses importants mouvements de pêcheurs à pied.
L’hiver approche et comme chaque année la Bretagne risque de manquer d’électricité alors que paradoxalement il y a des ressources énergétiques naturelles abondantes comme le vent et les marées. Quel est votre sentiment sur ce sujet?
Réponse: En Bretagne des progrès ont été accomplis. Le Pacte électrique breton est un dispositif ambitieux visant à apporter une réponse durable au défi de l’approvisionnement électrique de la Bretagne. De nombreuses actions sont menées par des acteurs privés et publics : rénovation énergétique des bâtiments, déploiement des énergies renouvelables, sécurisation des approvisionnements…
La Bretagne produit 14% de ses besoins en électricité contre 8% lors de la signature du pacte fin 2010. La majorité de sa production électrique d’origine renouvelable est assurée par des parcs éoliens répartis sur l’ensemble de son territoire. Avec 900 MW d’éoliennes raccordées en décembre 2015, la Bretagne se place au 3ème rang français.
De nouvelles opportunités ouvertes par la loi de transition énergétique ont également été identifiées pour ouvrir de futurs chantiers : création d’un schéma régional de la biomasse pour développer l’économie circulaire, prise de participation des collectivités et des citoyens dans des projets d’énergie renouvelable, ou encore développement des réseaux électriques intelligents.
Dans les mois à venir, un travail important va être mené pour renforcer la stratégie régionale de transition énergétique pour la Bretagne. La mobilisation se poursuit.
Vous arrivez en fin de mandat et avez récemment annoncé votre candidature pour un second, quels sont les thématiques que vous voudriez mettre en avant pour cette campagne?
Réponse: Je veux que cette campagne soit teintée d’humanisme. Nous devons retrouver la philosophie de notre devise républicaine, et particulièrement la trop souvent oubliée fraternité. L’ouverture et la bienveillance sont au cœur de notre pacte républicain. La France est à un moment crucial de son histoire. Je me suis investi en politique car je crois en l’action collective pour promouvoir l’intérêt général, la justice sociale et l’épanouissement de chacun. J’ai toujours eu la volonté de rassembler autour de valeurs communes les élus et les habitants de cette circonscription, d’appuyer toutes les énergies positives qui préparent la société de demain.
Au cours de ce mandat, j’ai organisé 73 cafés de député, reçu personnellement dans mes permanences bihebdomadaires plus de 700 personnes, participé à de nombreuses réunions et manifestations. Je promets avant tout de rester attentif à vos demandes et un facilitateur pour vos projets individuels et collectifs. J’apporterai un soutien constant à la vie associative, véritable lien de fraternité sur notre territoire.
Vous venez régulièrement à Damgan, comme cette année aux vœux de Monsieur le Maire. Qu’éprouvez-vous à Damgan, et plus encore à Kervoyal?
Réponse:
Nous avons la chance d’avoir un très beau cadre de vie et il m’est toujours très agréable de venir à Damgan.
La Municipalité de Damgan multiplie les projets pour que Damgan soit une commune vivante et attractive à l’année et on ne peut que s’en réjouir.
Une association s’est créée à Damgan pour la restauration d’un vieux goémonier (le Reder Mor 6) afin de le faire naviguer sur la rivière de Pénerf et faire découvrir, notamment auprès des jeunes, le passé et les richesses de cet estuaire. Que pensez-vous de ce genre d’initiative?
Réponse: Ces initiatives sont à saluer et à encourager. Grâce aux bénévoles qui s’impliquent dans ces associations, nous redécouvrons notre patrimoine maritime et nous pouvons le faire découvrir aux jeunes générations. Le rassemblement de voiliers traditionnels organisé cet été sur l’île d’Ilur était un moment exceptionnel et très convivial qui a réuni plus de 400 personnes.
Merci beaucoup Monsieur le Député et bonne continuation dans vos travaux.
Vous pouvez contacter ou suivre l’actualité de Mr Pellois ici:
sur son site sa page Facebook ou Twitter.
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Bravo HUBERT
Notre député nous soutient avec sa réserve parlementaire,un dossier en plus et des sous!!!!!!
Bravo.
Enfin une interview (apolitique?!) d’un politicien qui nous tient au fait de ce qui se passe. merci à lui et bravo pour cet entretien très intéressant!